L’épilation à travers les siècles : mais d’où nous vient cette idée ?

Si l’on parle aujourd’hui beaucoup des nouvelles méthodes et pratiques de rasage et d’épilation, en réalité, l’idée ne date pas d’hier.

Au travers des siècles et des différentes civilisations, au travers des modes et des appartenances religieuses ou socio-culturelles, l’absence ou la présence de poils, chez l’homme comme la femme a été – et reste encore – un marqueur d’appartenance, une projection de l’image de soi sur la société.

Dès la préhistoire…

On imagine toujours nos ancêtres de la préhistoire barbus et chevelus. Et bien non ! Cette fausse idée remonte aux premiers dessins du XIXe siècle où l’homme préhistorique est représenté mi-bête mi-homme, sale, hirsute et un peu gogol sur les bords. Sur les quelques peintures pariétales où l’être humain est présent (et principalement des hommes, déjà !), il apparait à la fois barbu et rasé.

La première lame de rasoir (en silex bien sûr) remonterait à 30 000 ans avant JC. On utilisait aussi des coquillages pour gratter le poil.

Et l’antiquité alors ?

A l’âge du bronze, la possibilité de forger des instruments de précision, aiguisés et maniables a facilité les pratiques du rasage et de l’épilation.

En Egypte, dès 3000 ans avant JC, on s’épilait des pieds à la tête, et même les sourcils ! Et tout ça pour mettre des perruques et des barbes postiches, il ne faut pas toujours chercher à comprendre…enfin si, le poil était en fait considéré comme impur alors rien ne devait dépasser ! Le prêtre devait être entièrement épilé avant d’entrer dans le temple. On utilisait principalement de la cire d’abeille et du sucre, ainsi que des pinces à épiler en bronze ou deux coquillages.

C’est en Inde et dans l’Asie antique qu’est apparu l’épilation au fil pour se propager par la suite au Moyen Orient.

Si chez les Grecs, le port de la barbe était un signe de virilité et de sagesse, le reste du corps était rasé, épilé de près. Si un Spartiate faisait preuve de lâcheté au cours d’une bataille, on lui rasait la moitié de la barbe, la honte !  Chez la femme l’épilation des poils pubiens était la règle, lisse comme une belle Vénus ! On utilisait des rasoirs, des crèmes dépilatoires avec de la farine de fèves ou des emplâtres à base de poix, faut aimer !  Pire, le laser n’étant pas encore inventé – faudra attendre un peu – on brulait les poils pubiens à la flamme d’une lampe à huile. A noter que nous déconseillons vivement d’essayer de faire perdurer cette pratique !

Quant à nos amis Romains, ils s’épilaient volontiers après le passage aux thermes et à la différence des Grecs, pas de barbe, ni moustache, les poils, c’était bon pour les pauvres et les barbares ! Pour les femmes, on considérait l’épilation comme un soin avant des relations sexuelles. Ovide dans l’Art d’aimer a écrit : « Qu’un bouc farouche ne devait pas loger sous vos aisselles et que vos jambes ne devaient pas être hérissées de poils rudes ». Avé !

Le Moyen-Age n’était pas en reste non plus !

Avec la chute de l’empire Romain et les invasions barbares – tous vilains barbus - la mode de l’épilation va être stoppée, y compris pour les femmes. La religion catholique ne saurait tolérer des femmes tentatrices. Il faut garder la pilosité que Dieu nous a donné !

Cependant avec les croisades, nos braves chevaliers vont découvrir l’art de l’épilation orientale et petit à petit, l’épilation reviendra dans les mœurs. Les croisées ramènent pour leurs promises des recettes à base de résine de pin (colophane), de cire d’abeilles chaude et de sucre, que l’on fait fondre et que l’on applique avec un linge.

On trouvera dans les traités médicaux de l’époque (Henri de Mondeville, Guy de Chauliac) plusieurs méthodes d’épilation avec une pince, des petits ciseaux ou des crèmes dépilatoires. Les recettes de l’époque étaient faites à partir de sang de chauve-souris ou encore de chaux vive et de piment ! Envie d’essayer ?

C’est à la fin du Moyen-Âge et au début de la Renaissance que l’on verra la mode des grands fronts. Sourcils et fronts épilés pour dégager le visage et mettre en valeur le regard. On doit aussi à cette époque la naissance de la profession de barbier.

L’époque Moderne, on y revient

A la Renaissance, les Chrétiens d’Europe reprennent l’épilation avec une prolifération de recettes toujours plus inventives : ciguë, sulfure d’arsenic, excréments de chat et vinaigre … Miam ! On épilait à cette époque que les parties visibles, les vêtements étaient amples et ne montraient pas même une cheville.

Les avis étaient cependant partagés, car si certains religieux estimaient que les poils servaient à cacher les parties honteuses, les italiennes arrachaient cette toison malpropre et malséante. Les tableaux et fresques des grands maîtres nous montrent des personnages masculins et féminins sans poils pubiens (Michel-Ange) ou très stylisés (David). La barbe reste cependant un symbole de force et de dignité.

L’époque Moderne restera encore marquée par une différence entre les classes supérieures qui s’épilaient et portaient des perruques (à partir de Louis XIV) et le reste de la populace qui étaient moins regardante à ce sujet.

Les contemporains innovent

Grace à la révolution industrielle, de nouveaux procédés facilitent les innovations. En 1760, le barbier français Jean-Jacques Perret invente le fameux coupe-chou. En 1885, l’ingénieur américain, King Camp Gillette invente un rasoir beaucoup plus sûr qui ressemble à nos rasoirs d’aujourd’hui.

En 1915, le magazine féminin Harper’s Bazaar publie une photo d’une mannequin aux aisselles épilées et conseille aux femmes de se débarrasser de ces poils embarrassants : « The fastidious woman to-day must have immaculate underarms if she is to be unembarrassed ».

Après la seconde guerre mondiale, le bikini incite les femmes à se raser au plus près. Les femmes se découvrent et revendiquent de disposer de leurs corps comme elles le désirent et de le montrer si elles le souhaitent. Parallèlement, nous assistons à une explosion de nouvelles méthodes pour éradiquer les poils : rasoirs électriques, crèmes dépilatoires, bandes de cires, épilation laser.

Le temps passant, les hommes s’intéressent de plus en plus à l’épilation et les femmes n’ont plus que l’embarras du choix (même celui de ne pas s’épiler !)

 Comme par le passé, le rasage et l’épilation oscille entre mode, marqueur social et religieux. Récemment les hommes se remettent à porter la barbe avec la mode « hipster », après la barbe de 3 jours, façon Gainsbourg. Les femmes de leurs côtés, revendiquent la liberté de refuser toutes contraintes esthétiques imposées par la « bienpensante » société machiste où la femme se doit d’être belle, mince, sexy et lisse !

Quoiqu’il en soit, ce que nous voulons toutes et tous, c’est la liberté de faire ce qui nous paraît être le mieux pour nous même, en respectant notre corps, en choisissant les méthodes qui nous conviennent et en utilisant des produits clean et éthiques.

Article par 
Manon Antoine.
Photo UNY.

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